1- JD. Bonjour Philippe Rivière, pouvez-vous vous présenter ?

P.R. Bonjour, je suis Philippe Rivière, je suis directeur du numérique à la fondation Art Explora. J’occupe ce poste depuis plus de 4 ans. Auparavant, j’étais directeur adjoint au développement, direction regroupant le numérique, la communication, le développement des publics et le mécénat à Paris Musées.

2. J.D. Comment définiriez-vous la Fondation Art Explora et la plateforme Art Explora Academy ?

P.R. La fondation Art Explora a été créé il y a 5 ans avec comme mission principale de rendre l’art accessible au plus grand nombre. Pour rendre cela possible, nous travaillons côté numérique sur des nouveaux formats, avec en ligne avec l’Academy et lors de visite physique avec de l’immersivité par exemple.

Art Explora Academy est la première plateforme digitale de micro-learning entièrement gratuite consacrée à l’apprentissage de l’histoire de l’art et permettant l’obtention d’un certificat validé par Sorbonne Université. Le site, complétement gratuit, est accessible à tous dès l’âge de 13 ans. Disponible en français et en anglais, il a été conçu aussi bien pour une utilisation sur ordinateur mais également mobile ou tablette grâce à l’application mobile.  Cette Academy s’adresse à tous ceux qui souhaitent développer et approfondir leurs connaissances en histoire de l’art mais aussi à tous les curieux qui cherchent une nouvelle façon de s’intéresser aux artistes et à leurs œuvres.

3. J.D. Combien de parcours sont-ils disponibles sur la plateforme ?

P.R. L’Academy propose désormais 14 parcours d’apprentissage, et aussi une bibliothèque de médias offrant de nombreux contenus vidéos et audio hébergés sur la plateforme pour approfondir les grandes notions de l’histoire de l’art. Les contenus de la plateforme sont largement relayés sur les réseaux sociaux pour aller chercher les utilisateurs là où ils se trouvent.

4. J.D. Deux nouveaux parcours sont proposés depuis octobre 2024, « L’aventure impressionniste » et « L’art du quotidien » ; qu’est-ce qui vous a intéressé dans ces thématiques et poussé le développement de ces contenus ?

P.R. Le premier parcours va permettre d’aller plus loin dans la découverte d’un mouvement connu dont les illustrations et reproductions sont courantes et le second, réalisé à partir d’une exposition réalisée par la Tate (en Angleterre), va inviter à changer son regard sur notre vision du quotidien. En choisissant ces sujets, nous cherchons à créer un dialogue entre des œuvres reconnues et des aspects universels de la vie quotidienne.

Bien que très différents l’un de l’autre, nous pensons que ces 2 parcours répondent également aux attentes de nos visiteurs, qui recherchent des expériences enrichissantes et un point de vue différent.

5. J.D. Pour « L’aventure impressionniste » ce sont 6 épisodes qui sont disponibles et que vous avez imaginé avec « le Musée D’Orsay ». Comment s’est organisée cette collaboration avec l’institution muséale ?

P.R. Notre collaboration avec le musée d’Orsay est née d’une vision partagée : rendre l’art et la culture plus accessible, auprès d’un public le plus diversifié possible. Nous partageons également un attachement commun à la qualité des contenus et des formats numériques innovants. Nous avons construit notre partenariat dans l’idée de proposer un parcours thématique, permettant au public d’aller confronter ses connaissances acquises par le numérique à l’expérience des œuvres physiques. L’exposition « 1874 : Inventer l’Impressionnisme » était une occasion parfaite. Le musée d’Orsay apporte son expertise scientifique et en matière de médiation, tandis qu’Art Explora s’est spécialisée dans une approche éducative mobile, touchant déjà un large public, principalement jeune, grâce à la plateforme Art Explora Academy.

6. J.D. Pouvez-vous nous dire quelques mots sur ces 6 épisodes ?

P.R. Le parcours « L’aventure impressionniste » a été réalisé en collaboration avec le Musée d’Orsay. Il est composé de 6 épisodes inspirés du cycle de conférences organisé par le musée d’Orsay sur :

• Les expositions
• Les saisons
• Le marché de l’art
• Les modèles
• Les techniques picturales
• L’impressionnisme et le cinéma

7. J.D. Selon vous, le quotidien peut-il devenir un art ?

P.R. Absolument, et je dirais même que l’art du quotidien est une piste essentielle pour démocratiser la culture et la créativité. Chez Art Explora, nous croyons fermement que l’art ne se limite pas aux musées ou aux œuvres monumentales.

Le numérique peut jouer ici un rôle clé. Aujourd’hui, les outils numériques permettent de réenchanter notre quotidien de manière accessible et participative. Prenez les expériences immersives, les créations collaboratives ou encore les plateformes de partage de contenus culturels : ce sont autant de façons de transformer des moments ordinaires en expériences artistiques.

Chez Art Explora, nous aimons également souligner que l’art, c’est aussi une question de regard. À travers des projets comme des expositions mobiles ou des parcours numériques, nous incitons les gens à redécouvrir la beauté dans les détails de leur environnement.

8. J.D. Pensez-vous que le numérique deviendra les nouveaux musées de demain ?

P.R. De mon point de vue, le numérique n’a pas vocation à remplacer les musées traditionnels, mais plutôt à en être un prolongement et un amplificateur. Les musées sont des lieux physiques où se rencontrent les œuvres, les publics et les émotions, et cette expérience humaine est irremplaçable.

Cependant, le numérique offre des opportunités extraordinaires pour élargir l’accès à la culture, toucher des publics éloignés, et enrichir l’expérience des visiteurs.

Le numérique ne deviendra pas « les nouveaux musées », mais il participera à leur transformation, en les rendant plus inclusifs, interactifs et interconnectés. Chez Art Explora, nous croyons profondément en ce potentiel pour bâtir un pont entre les musées physiques et les expériences numériques, et pour imaginer ensemble les musées du XXIe siècle.