1- J.D. Christel Kern, bonjour et bienvenue sur Clicinfospectacles.fr, vous êtes à la fois entre autres auteur, compositrice, chanteuse, comment faut-il vous présenter à nos lecteurs ?

C.K. Bonjour.
Issue d’un milieu modeste, c’est par la force du travail et une passion sans failles que je mène ma vie d’artiste et de directrice artistique. La voix est le reflet de l’âme et le mien a beaucoup de choses à transmettre en termes d’émotions, surtout de l’amour.

J’ai fait des études dans les Arts du spectacle puis j’ai été meneuse de revue pendant 17 ans. J’ai sorti 4 albums auto-produits dont Mau d’âmour enregistré aux ICP Studios à Bruxelles avec les musiciens de Maurane.

2- J.D. Actuellement vous êtes en tournée à travers toute la France avec « Mau d’âmour », hommage à la très grande Maurane, vous souvenez-vous à quel moment vous l’avez découverte et de votre sentiment ?

C.K. Toute jeune elle faisait partie des 3 voix qui me touchaient profondément. Elle a ce petit quelque chose de rare qui vous bouleverse dès ces premières notes. C’est dans le couloir qui résonne de ma maison en Lorraine que je chantais Sur un prélude de Bach le mercredi après-midi, en cachette, et je pleurais. C’est par sa voix que j’ai découvert la mienne et les émotions que cela pouvait procurer.

3- J.D. Pourquoi ce titre «Mau d’âmour » ?

C.K. Mau était le surtout de Maurane et âmour avec un accent circonflexe pour rappeler l’âme de Maurane qui entoure ce spectacle. Son sublime répertoire parle de l’amour sous toutes ses formes et je me retrouve totalement dans son énergie et sa sensibilité, c’est d’ailleurs que ce que Richard Cross me disait souvent, il était notre professeur de chant à toutes les 2.

4- J.D. Maurane c’est 292 chansons, comme vous le rappeler durant le spectacle, comment faire un choix ?

C.K. Durant le COVID j’ai écouté tous les titres et tout naturellement j’ai choisi ceux qui faisaient référence à mon histoire, qui me touchaient en plein coeur et que j’aurais peut-être pu écrire…Il m’en restait 50. J’ai ensuite travaillé sur l’aspect vocal car la tessiture de Maurane est exceptionnelle et je me devais d’être à la hauteur dans l’interprétation, la précision et l’étendue vocale. Puis j’ai œuvré pour un équilibre car je voulais y apporter toutes les couleurs de l’amour.

5- J.D. Y a-t-il des titres obligatoires lorsque l’on travaille sur Maurane ?

C.K. Absolument. Les standards comme Tous les mamas, L’un pour l’autre, Sur un prélude de Bach… mais je vous assure qu’il y a de fabuleuses pépites peu connues et mon rôle en tant qu’interprète est de mettre en lumière la force inouïe de ce répertoire.

6- J.D. Qu’est qui vous a le plus surpris dans son répertoire ?

C.K. Ce qui m’a le plus surpris c’est à quel point le répertoire de Maurane est universel. Les thématiques engagées et actuelles me laissent penser qu’elle et ses auteurs étaient des avant-gardistes. C’est également en tant que femme que j’y ai trouvé des repères et des messages qui bouleversent, malgré l’épicurienne et la bonne vivante qu’elle était, derrière une carapace pour cacher un certain mal-être, dans laquelle je me reconnais totalement. C’est bien la découverte de l’effet miroir qui m’a bouleversé.

7- J.D. Pour « Mau d’âmour » avez-vous du travailler votre voix différemment ?

C.K. J’ai travaillé en résidence avec Richard Cross dans sa maison. Ma chance est d’avoir quelques similitudes troublantes avec la voix de Maurane mais je chante avec ma vraie voix, sans imitation, entre puissance naturelle et retenue maîtrisée. La complexité réside dans les écarts mélodiques et le côté jazzy de certains titres qui m’ont donné du fil à retordre. Je me rappelle une phrase que j’ai travaillée toute une matinée dans l’invisible. Mais avec la pédagogie vocale de Richard, j’ai pu acquérir une technique vocale solide qui me donne accès à une étendue vocale très large tout en confort.

8- J.D. Loin de proposer une imitation, à l’écoute on a l’impression que Christel Kern avec toute sa sensibilité, son humanité est plutôt au service de cet héritage musical qu’elle nous a laissé ?

C.K. Je suis touchée par cette question. On parle de sensibilité mais aussi d’humanité et je crois que c’est le moteur de ma vie, même si parfois je peux être maladroite, je n’ai que pour seul objectif de servir le répertoire de Maurane qui est notre patrimoine et que toutes les générations devraient connaître. Son répertoire est une leçon de vie et le plus beau cadeau de ma vie, en tant qu’artiste mais aussi en tant que femme.

9- J.D. Vous partagez la scène avec au piano Laura Strubel et au violon avec Caroline Stenger, pouvez-vous nous en parler ?

C.K. (Attention c’est Strubel avec un u) Ho… ce sont deux musiciennes d’exception, toutes les 2 médailles d’or du conservatoire de Strasbourg, mais elles sont avant tout des femmes merveilleuses avec du charisme et du caractère qui font de Mau d’âmour le spectacle qu’il est devenu.

10- J.D. Maurane vous a-t-elle apporté quelque chose en tant que femme ?

C.K. Elle m’a offert le plus beau cadeau de ma vie d’artiste, son aura et son répertoire.

11- J.D. Partie le 7 mai 2018, comment expliquez vous qu’elle soit toujours aussi écoutée ?

C.K. C’est une voix unique et enveloppante, qui rassure et interpelle, avec des mélodies ciselées et sublimes. Il n’y a qu’une seule Maurane, moi je ne suis qu’une petite main, héritière d’une femme d’exception, et la nature m’a fait don d’une voix donnant accès à son écriture musicale, et c’est merveilleux. J’aimerai rajouter que ce fameux 7 mai, j’étais à quelques mètres de son domicile, en train de mixer mon 3^ème album À fleur d’âme. C’est comme si la vie nous avait prédestiné, je ne l’oublierai jamais.

12- J.D. En vous remerciant, selon vous, quelle chanson restera-t il ?

C.K. Ce qu’il restera, ce n’est pas une chanson, mais un vibrant hommage à la plus grande voix de la chanson francophone, et un spectacle musical élu scène d’or 2025, une grande fierté, une récompense que je dédie à mes équipes, mais avant tout à mes parents. Je vous remercie chaleureusement.

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