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Olivier Atlan, interview

Directeur de la Maison de la Culture de Bourges

1- J.D. Olivier Atlan, directeur de la Maison de la Culture de Bourges bonjour, je suis très heureux de vous retrouver, tout d’abord quel bilan pouvez-vous tirer de la saison dernière ?

O.A. La saison dernière montre une nouvelle progression en termes de fréquentation tant pour le spectacle vivant que pour le cinéma. Nous avons vendu en 2024 plus de 100000 billets, soit une hausse de plus de 60% par rapport à la dernière saison hors-les-murs.

2- J.D. Malheureusement le Ministère de la Culture a réduit toutes ces dotations, et la MCB ne fait pas exception, qu’est cela veut dire pour une ville comme Bourges ?

O.A. Le ministère de la culture a en effet réduit ses subventions en 2025. Mais avec la loi de finances qui a fortement impacté les collectivités territoriales, les contributions de la ville de Bourges, du département du Cher et de la région Centre-Val de Loire ont également été revues à la baisse : en 2025, la baisse cumulée des contributions à la maisondelaculture de Bourges s’élève à 151000 euros.

3- J.D. Comment se place le monde de la culture, compagnie, … face à ces réductions ?

O.A. Le réseau labellisé se retrouve ne extrême difficulté face à ces baisses budgétaires. Les budgets de coproduction sont les plus touchés car nous ne pouvons réduire la diffusion. La conséquence est terrible pour les artistes car nous ne pouvons plus financer autant de jours de résidences ni soutenir financièrement autant de projets artistiques.

4- J.D. Malgré toutes ces difficultés comment avez-vous réfléchi la saison 2025/2026 ?

O.A. L’objectif, et ce sera vraisemblablement celui des prochaines saisons, est de maintenir une offre culturelle riche, variée et suffisamment dense pour éviter que la belle dynamique que nous avons initiée depuis l’ouverture en 2021 ne se grippe pas. C’est tout l’enjeu, avec bien entendu la préservation autant que possible du soutien à la création. Mais l’équation devient de plus en plus complexe et ne sera pas tenable très longtemps.

5- J.D. Pouvez-vous nous parler du programme de cette année ?

O.A. J’ai tenu à accentuer les axes artistiques développés depuis 2021 : spectacles visuels accessibles au plus grand nombre (cirques, marionnettes, théâtre d’objets) ; offre encore enrichie de spectacles tout public (avec notamment une création de la compagnie Super Trop Top à destination des 0 à 3 ans) ; du théâtre contemporain et de répertoire ; de grandes formes chorégraphiques… et toujours des coproductions et des créations !

6- J.D. Quelles sont les nouveautés de la MCB ?

O.A. Nous poursuivons notre politique d’action culturelle et, cette année, j’ai mais en place un projet singulier, « La classe à la maison » : sur le modèle des classes vertes, une classe de CE2 de l’école des Machereaux passera une semaine à la masisondelaculture en compagnie d’artistes et de l’équipe de la maison.

7- J.D. Beaucoup de coproduction tout le long de l’année, comment avez-vous fait votre choix et le nombre est il resté le même que l’année dernière ?

O.A. Le choix repose sur le lien de confiance avec l’équipe artistique et les partenaires de coproduction. C’est toujours une prise de risque car on soutient et programme un spectacle qui n’existe pas encore au moment où la décision de soutien se prend, mais c’est notre job et, finalement, ce qui rend légitime notre action. Cette saison, grâce à l’atelier de construction de décors, malgré la baisse de nos moyens financiers, la maisondelaculture coproduit plus d’une dizaine de spectacles.

8- J.D. Pourquoi coproduire ?

O.A. Comme je le disais précédemment, l’une de nos missions principales en tant que scène nationale est le soutien à la création contemporaine. Avec son atelier de construction, sa magnifique salle de création René Gonzalez, la maisondelaculture est l’une des scènes nationales les plus actives en matière de coproduction. Ce soutien indispensable aux artistes doit absolument rester une priorité dans un contexte plus que troublé et difficile pour ces artistes. Mais cette mission et, et sera sans doute encore les prochaines années, de plus en plus difficile à assumer.

9- J.D. Et quelle est l’image de la MCB auprès des professionnels du spectacle vivant ?

O.A. Je pense qu’après les 10 ans de hors-les-murs durant lesquels nous avons réussi à conserver notre place de maison de création dans le réseau national, l’ouverture de la nouvelle Maison en 2021 nous a permis de franchir un nouveau cap. Aujourd’hui, et peut être encore plus avec la perspective de Bourges Capitale Européenne de la Culture, la maisondelaculture de Bourges fait partie des grandes maisons de création européennes.

10- J.D. En vous remerciant, quel serait votre coup de cœur ?
O.A. Question toujours difficile… disons « La Tempête » de Shakespeare, mise en scène d’Omar Porras, que nous accueillerons en janvier prochain.

Propos rapportés par Jean Davy pour clicinfospectacles.fr