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Axel Allétru, et Fabien Bouillaud, interview

1-J.D. Axel Allétru, bonjour et bienvenue sur Clicinfospectacles.fr, athlète paraplégique de haut niveau, vous êtes au centre du nouveau documentaire de Stéphanie Pillonca « Holeshot, un virage pour la vie », est-ce difficile de se raconter ?

A.A. Bonjour et merci pour votre accueil. Se raconter, c’est toujours un exercice un peu particulier, surtout quand on revient sur des moments de vie aussi intimes, aussi puissants. Mais avec Stéphanie Pillonca, il y avait une vraie confiance, une vraie sensibilité. Elle a su capter l’essence de mon parcours, sans voyeurisme, sans pathos, mais avec beaucoup d’humanité. Ce documentaire, c’est un peu une mise à nu, mais c’est surtout un moyen de transmettre un message d’espoir, de résilience, et de dépassement de soi.

2- J.D. Que représente pour vous l’Enduropale du Touquet ?

A.A. L’Enduropale du Touquet, c’est bien plus qu’une course pour moi. C’est un symbole fort. En 2010, c’est là que ma vie a basculé, lors de cet accident qui m’a rendu paraplégique. Revenir sur cette plage, d es années plus tard, en tant qu’athlète debout, est chargé de sens. C’est comme refermer une boucle, reprendre le contrôle de son histoire. L’Enduropale, c’est la douleur, mais c’est aussi la renaissance.

3-J.D.  Qu’est-ce qui a été le plus difficile pour vous ?

A.A. Le plus difficile, ce n’est pas l’accident en soi, ni la douleur physique. C’est le moment où l’on doute de tout. Où l’on se demande : « Pourquoi moi ? Est-ce que je vais encore pouvoir vivre pleinement, me sentir utile, heureux ? » C’est ce combat mental, silencieux, quotidien, qui est le plus dur. Mais c’est aussi celui qui forge un mental de guerrier. Rebondir, c’est un choix. Un engagement. Et j’ai décidé de me battre, coûte que coûte.

4- J.D. Pourquoi ce sous-titre « Un virage pour la vie » ?

A.A. Parce que cet accident, aussi violent soit-il, a été un tournant radical. Il m’a fait changer de trajectoire, dans tous les sens du terme. J’ai perdu mes jambes, mais j’ai découvert une autre forme de puissance. J’ai appris à me réinventer. Ce virage, il m’a ouvert à des rencontres incroyables, à des défis insensés, à un autre rapport à la vie. Ce n’est pas un accident que j’ai vécu, c’est une transformation.

5-J.D.  Pour beaucoup de personnes souffrant d’un handicap, vous êtes devenu un exemple, cela vous a-t-il surpris ?

A.A. Oui, au début, ça m’a surpris. Parce que je ne me suis jamais vu comme un héros ou un modèle. J’ai juste avancé, un pas après l’autre, en restant fidèle à mes valeurs. Mais si mon parcours peut aider ne serait-ce qu’une personne à retrouver l’envie, à croire en elle, alors ça donne du sens à tout ce que j’ai vécu. Et aujourd’hui, j’assume ce rôle avec humilité, mais aussi avec responsabilité.

6- J.D. En vous remerciant, après la course Paris-Roubaix à laquelle vous avez participé sur 70 kilomètres, quels sont vos projets ?

A.A. Paris-Roubaix a été une aventure extraordinaire, autant sur le plan physique qu’émotionnel. Mais je ne m’arrête pas là. J’ai plusieurs projets en cours : un film sur mon parcours qui sortira prochainement, un spectacle immersif pour faire vivre au public ce que j’ai traversé, et bien sûr, d’autres défis sportifs. J’ai aussi à cœur de continuer à intervenir en entreprise et auprès des jeunes pour parler de résilience, de performance, et d’esprit d’équipe. Et puis, je prépare aussi activement l’avenir de mon fils en karting, avec un rêve un peu fou : le voir un jour champion du monde de Formule 1.

Propos rapporté par Jean Davy, le 11 avril 2025 pour clicinfospectacles

Fabien Bouillaud, interview

  1. J.D. Fabien Bouillaud, bonjour et bienvenue sur Clicinfospectacles.fr, le 17 avril prochain sera diffusé sur Canal + Doc, votre tout dernier documentaire «  Holeshot, un virage pour la vie » consacré au nouveau défi de l’athlète paraplégique de haut niveau Axel Allétru, ce n’est pas la première fois que vous explorez ce monde, comment voyez-vous le handicap ?

F.B. Avec Stéphanie Pillonca, ma co-réalisatrice, nous avons effectivement beaucoup exploré le thème du handicap, physique et mental. Filmer Le handicap, c’est d’abord une manière de voir et d’appréhender le monde différemment, c’est aussi mettre en lumière des êtres plus ou moins fragiles qui sont confronté.es à de nombreuses difficultés mais qui déploient une force et une puissance de vie hors du commun. Ils sont sources d’inspiration à bien des égards. Nous avons tous peur du handicap, de la maladie et de la mort et nous, êtres humains, essayons le plus possible de fermer les yeux, de faire semblant que ça n’existe pas. Filmer le handicap, diriger nos caméras vers celles et ceux que personne ne veut voir nous semble être une nécessité pour essayer de vivre un peu mieux tous les jours les uns avec les autres (et avec soi).

  1. J.D. Comment l’avez-vous rencontré et qu’est qui vous a intéressé dans sa personne ?

F.B. Stéphanie a rencontré Axel lors du tournage du film “Invincible été” qui traitait de la maladie de Charcot et du handicap. Axel y racontait déjà son incroyable histoire et sa victoire au Rallye Dakar où il est devenu le premier champion en situation de handicap à gagner une course devant les valides. Comment ne pas avoir envie de filmer un tel parcours ? C’était juste une évidence.

  1. J.D. Vous le suivez dans sa préparation pour la course de l’Enduropale du Touquet de 2024, quelles ont été vos contraintes ?

F.B. Pour diverses raisons de production, le tournage a mis un certain temps à démarrer et nous avons eu très peu de temps avant le début de l’épreuve. Axel nous attendait avant de pouvoir complètement se lancer dans l’aventure. Tout s’est organisé dans l’urgence et le stress était au maximum parce qu’on ne décide pas comme ça, du jour au lendemain, de participer à l’Enduropale du Touquet (surtout quand on est paraplégique). Il a fallu convaincre le comité d’organisation de la course, obtenir une licence auprès de la fédération de motocross, trouver la bonne moto adaptée au handicap d’Axel et faire face aux peurs de chacun car la prise de risque était immense. Nous nous en sommes vraiment rendus compte au moment du départ au Touquet. Axel au milieu de 1300 pilotes morts de faim, et si il chutait ?

  1. J.D. L’image de l’handicap a-t-elle changée en France et selon vous est ce pour cela qu’Axel Allétru a pu mener son projet a terme ?

F.B. C’est un vaste sujet. Je ne suis pas sûr que cela change tant que ça, c’est par vagues. Il y a de grands succès populaires comme “Un petit truc en plus” ou les différents films et documentaires abordant le thème du handicap qui déclenchent beaucoup d’émotions chez les spectateurs. C’est effectivement à chaque fois bouleversant mais une fois l’écran éteint, est-ce qu’on ne referme pas les yeux ? En tout cas, nous, on ne lâche rien, on continue le combat. Et concernant Axel, il a une telle détermination qu’il peut déplacer des montagnes (vraiment). Sa devise “Rien est impossible !”

  1. J.D. En vous remerciant, d’après vous, quelle est sa plus grande qualité ?

F.B. Il est dans le moment présent et il a mental d’acier

Propos rapporté par Jean Davy, le 11 avril 2025 pour clicinfospectacles