Accueil

Dominique Daumann, interview

Pour son CD  » LA PARADE DES LOUPS GAROUS « 

Dominique Daumann, interview

1- J.D. Dominique Daumann, bonjour et bienvenue sur Clicinfospectacles.fr, vous êtes à la fois auteur, compositeur, interprète, comment vous présenter à nos lecteurs ?

D.D. Bonjour, merci pour votre accueil. Je me présente comme un conteur en musique. J’écris des chansons où se croisent la poésie, le regard sur le monde, l’amour et l’éveil à ce qui nous relie. J’aime mélanger les textures : un peu de chanson française, une touche de rock, parfois des ambiances plus cinématographiques. Ce qui m’anime, c’est d’ouvrir des portes sensibles et intérieures.

2.J.D.  Vous venez de sortir votre deuxième album solo « La parade des Loups-Garous », pourquoi ce titre ?

D.D. C’est le nom d’une des chansons clés de l’album, mais c’est surtout une image forte. J’utilise la figure du loup-garou pour parler de ceux qui avancent masqués, qui séduisent pour mieux manipuler. Cette « parade », c’est celle des puissants qui se déguisent en sauveurs, mais qui finissent par montrer les crocs. Le titre résume à la fois le fond politique du morceau et l’esthétique contrastée de l’album.

3.J.D. Quelle en a été le point de départ ?
D.D. Tout est parti d’un sentiment de colère face au double langage de certains dirigeants, à la manière dont les discours publics cachent souvent des intérêts privés. « La Parade des Loups-Garous » est née comme une sorte d’exutoire musical. Elle m’a donné le ton, l’ambiance générale, presque cinématographique, de l’album. De là, j’ai déroulé une série de tableaux nocturnes, un peu fantastiques, un peu intimes. C’est cette chanson qui a ouvert la porte.

4- J.D. Qu’est-ce qui vous a touché voire interpellé lors de son écriture ?

D.D. Je pense que ce qui m’a le plus interpellé, c’est à quel point l’album m’a semblé me précéder, comme s’il existait déjà quelque part. L’écriture s’est faite avec fluidité, mais aussi avec beaucoup d’émotion. Certains textes m’ont surpris dans ce qu’ils révélaient, sur moi ou sur ce que je percevais du monde autour. Il y a eu de vrais moments de vertige, notamment en explorant les thèmes de l’identité, du refoulé, de la transformation.

5. J.D. 10 titres le composent, pouvez-vous nous parler de la couleur que vous avez souhaité donner à l’album ?

D.D. C’est un album aux teintes nocturnes, mais pas sombres. Je dirais qu’il est traversé par la lumière des lucioles : il y a de l’introspection, de l’engagement, mais aussi beaucoup d’amour, de sensualité, de voyages intérieurs. Musicalement, j’ai voulu mêler des guitares vibrantes à des textures plus enveloppantes, comme un carnet de route sonore qui épouse l’émotion du moment.

6- J.D. Après un 1er album en solo « Ailes Nocturnes » en 2020, diriez-vous que « La parade des Loups Garous » en est la continuité ?

D.D. C’est une continuité, mais plus incisive. Ailes Nocturnes était plus introspectif, plus atmosphérique. Ici, je suis allé chercher une tension plus directe, plus nerveuse, en m’ancrant davantage dans le réel. C’est un virage assumé, une façon de répondre au tumulte du monde actuel.

7- J.D. Est-il selon vous plus intime et plus personnel ?

D.D. Indéniablement. Même si j’aime travailler avec des images symboliques et parfois abstraites, les émotions qui nourrissent cet album sont très personnelles. Je parle davantage à la première personne, je me permets des fragilités que je n’aurais peut-être pas exposées auparavant.

8- J.D. Hommage à votre ville de Strasbourg, quelle place occupe-t-elle chez Dominique Daumann ?

D.D. Strasbourg est un repère, un point de départ. C’est une ville frontalière, à la fois enracinée et tournée vers l’ailleurs. Elle m’a appris à habiter les marges, les mélanges, les équilibres. C’est une ville douce, mais complexe, où la mémoire et la modernité cohabitent. Elle est discrètement présente dans mes chansons, comme une ombre fidèle.

9.J.D.  Y a-t-il un état d’esprit strasbourgeois ? Et lequel serait-il ?

 D.D. Je crois que oui. Il y a ici une manière de voir le monde avec recul, finesse, souvent avec humour. Un esprit de frontière, d’interculturel, qui donne envie d’écouter avant de juger. Peut-être une certaine élégance dans la retenue… et une capacité à construire des ponts, à tous les niveaux.

10- J.D. Leader des groupes « Résonance » puis « Asilah », quels seraient les points communs entre cette période et votre carrière solo de maintenant ?

D.D. Ces groupes ont été des laboratoires d’exploration : sur le son, sur la scène, sur le collectif. Ce que je garde, c’est le goût du mélange, de la recherche d’harmonie entre des influences variées. En solo, j’ai plus de liberté, mais je conserve cet esprit de création partagée avec les musiciens et techniciens qui m’entourent. Le lien avec les autres reste essentiel.

11- J.D. En vous remerciant, d’après vous, les loups-garous nous ont-ils déjà tous mangés ?

D.D. Non, je crois qu’ils tournent encore autour… Mais tant qu’on garde les yeux ouverts, qu’on continue à aimer, à penser, à chanter, on leur échappe. Cet album est aussi là pour ça : résister aux illusions, mais sans renoncer à la tendresse.

Propos rapporté par Jean Davy, le 26 juin 2025 pour clicinfospectacles