1- J.D. Jean-François Vivier, bonjour et bienvenue sur Clicinfospectacles.fr, tout d’abord pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

F.V. Passionné d’histoire et de bande dessinée, j’ai la chance de pouvoir associer ces deux passions depuis 2012 et la sortie de mon premier album consacré à Tom Morel, le commandant du maquis des Glières.

Depuis, j’ai publié 30 autres albums, souvent autour de thématiques historiques, mais aussi des adaptations de romans (Frison-Roche et Agatha Christie) et quelques fictions.

2- J.D. Vous venez de publier aux éditions Plein Vert «Saint Damien de Molokai, l’apôtre des lépreux », qu’est qui vous a intéressé dans cette figure emblématique belge ?

F.V. A l’origine, l’idée de cet album est venue de l’éditeur qui aime beaucoup Damien. Je ne le connaissais que vaguement, mais en creusant rapidement le sujet, j’ai vu qu’il y avait tous les éléments permettant de réaliser un bon récit.

3- J.D. Qui était « Saint Damien de Molokai » ?

F.V. C’était un jeune belge qui fut envoyé par sa communauté pour évangéliser les îles Hawaï au milieu du XIXème siècle. Il n’était même pas prêtre lorsqu’il y arriva, ce qui embêtait beaucoup l’évêque d’Hawaï qui l’ordonna très rapidement. Il était plein d’enthousiasme et il se rendit volontaire pour accompagner les lépreux sur l’île de Molokaï où ils étaient parqués.

4- J.D. Pouvez-vous nous parler du contexte de l’époque ?

F.V. Au milieu du XIXème siècle, une épidémie de lèpre s’est développée à Hawaï. Il n’y avait à l’époque aucun vaccin et les conditions de la propagation de la maladie étaient inconnues. Désemparé, le gouvernement hawaïen a donc pris la décision, radicale, d’isoler tous les porteurs de la lèpre sur une partie de l’île de Molokaï. La maladie était bien sûr contagieuse…

5- J.D. Pourquoi Molokai ?

F.V. Sans doute parce que son accès était difficile par la mer, mais aussi que l’île était séparée en deux par une immense falaise rocheuse. C’était une sorte de prison à ciel ouvert où les lépreux vivaient presque seuls et désœuvrés.

6- J.D. Comment son action en faveur des lépreux a-t-elle été vue à l’époque ?

F.V. Elle a été diversement appréciée. Les lettres qu’il écrivaient à sa famille ont été imprimées dans les journaux et il fut admiré pour son courage et sa charité dans le monde entier. Mais sur place, cette notoriété gêna beaucoup ses supérieurs même s’ils reconnaissaient la valeur de son action.

7- J.D. A-t-il laissé des écrits ? Et vous en êtes-vous inspiré ?

F.V. Il a simplement écrit des lettres à sa famille ou des amis. Mais, plusieurs biographies ont été écrites sur lui. La première date même d’avant sa mort. Je me suis surtout inspiré de ces biographies.

8- J.D. Ses travaux ont-ils contribué à changer la prise en charge de la lèpre ?

F.V. Non, car à l’époque, personne ne savait comment guérir la lèpre. C’est en cela que son séjour à Molokaï est admirable. Il savait en se portant volontaire qu’il risquait d’attraper la maladie. Ce qui arriva…

9- J.D. Canoniser en 2009 par Benoit XVI, est-il à l’origine de « miracles » ?

F.V. Il semblerait que c’est la guérison miraculeuse du cancer d’une hawaïenne qui avait prié Damien qui permit la canonisation.

10- J.D. Selon vous quel est son héritage spirituel ?

F.V. Je crois que l’on peut dire que Damien a d’abord voulu retirer la lèpre des cœurs. Ce qui le motivait, c’était d’apporter la Bonne nouvelle partout où les gens en avaient besoin. S’il n’avait pas été à Hawaï confronté à cette terrible maladie, il se serait engagé dans un autre combat.

11- J.D. Votre regard sur « Saint Damien de Molokai » a-t-il changé ?

F.V. C’est une très belle figure dont la radicalité m’interroge.  Notre époque est bien fade comparée au choix que fit Damien.

12- J.D. En vous remerciant, comment expliquer que son message soit resté aussi vivant ?

F.V. Parce que comme je l’expliquais ci-dessus, le message de Damien, par son exemple, c’est d’apporter la présence du Christ aux exclus de la société. Un message on ne peut plus d’actualité !