1-J.D, Marc Martin, bonjour et bienvenue sur Clicinfospectacles.com, véritable touche à tout photographie, édition, musique, tout d’abord comment vous présenter à nos lecteurs ?
M.M, Je suis un artiste multitâche et autodidacte et passionné.
2- J.D, Quel a été le point de départ de votre dernière exposition « Tomber des nu(e)s » à la Galerie Obsession (Paris 11e, jusqu’au 8 juin) ?
M.M, Le point de départ a été la particularité de cette galerie Obsession dédiée au nu masculin : un écrin à l’abri des badauds dans un appartement sur cour pavée à l’ancienne et décoré par Jacques Grange.
3-J.D, Pourquoi ce titre « Tomber des nu(e)s » ?
M.M, Pour son aspect ludique. Pour donner à la nudité (souvent problématique sur les réseaux sociaux) un côté joyeux.
4-J.D, Qu’est qui vous a intéressé chez votre modèle l’ancien combattant de MMA Mathis Chevalier ?
M.M, Au-delà de son physique athlétique, c’est son regard et le regard qu’il porte sur notre époque qui m’ont fasciné. Mathis est un garçon libre dans son corps et dans sa tête.
5-J.D, Comment s’est passé votre collaboration ?
M.M, On a travaillé sur une période d’environ deux ans et on s’est beaucoup amusés. Il y a autant de révérences que d’irrévérences à nos imaginaires respectifs. Chacun a mis son grain de sel dans les figures qu’on a voulu détournées.
6-J.D, « Tomber des nu(e)s » rend hommage à des grandes œuvres culturelles comme la « Venus à son miroir » de Velasquez ou le marin de chez Genet entre autres en les réinterprétant, comment s’est porté votre choix ?
M.M, On ne s’est pas uniquement penchés sur les grands classiques. On est aussi allés chercher des figures de l’ombre et des artistes moins connus, comme le peintre Jacques Sultana. Quant au marin, fil rouge du projet, il est le seul uniforme que j’ai fait endosser à Mathis.
7-J.D, Dans votre univers et votre œuvre quelle place occupe le corps de l’homme ?
M.M, Le corps de l’homme est stratégique, même politique, dans ma démarche. Mais ce sont ces mots de Mathis qui ouvrent l’exposition : « Poser à poil n’est pas me mettre à nu : je me découvre beaucoup plus dans les interstices… » confie-t-il.
8-J.D, Et votre rapport à la nudité a-t-il changé depuis vos débuts ?
M.M, La chair pour la chair, dénudée de tout imaginaire, n’a aucune saveur à mon goût. La nudité prend son sens dès qu’elle est attachée à un récit – théâtral, photographique, cinématographique ou même pornographique. Mathis Chevalier a cette faculté de pouvoir incarner tous ces rôles à la fois. Il est un grand comédien.
9-J.D, A travers Mathis Chevalier, avez-vous exploré une autre forme de sensualité ?
M.M, La sensualité est partout, celle qui se niche dans les recoins inattendus m’attire encore plus. Chez Mathis, elle surgit des mains, des postures modernes qu’il prend sur les figures d’antan. Même son pubis touffu apporte une fraicheur inattendue. Elle contribue à sa sensualité.
10-J.D, Et pourquoi pas de sexualité ?
M.M, J’associe la sensualité à la sexualité ! Je le dis souvent : le support masturbatoire et la masturbation intellectuelle vont bien ensemble. Je trouve qu’ils copulent bien ensemble dans mes images…
11-J.D, En vous remerciant, selon vous est-ce un acte militant, libertaire pour un homme de se montrer totalement nu ?
M.M, La nudité, surtout celle de Mathis Chevalier qui s’expose au désir sans complexes ni préjugés, est un acte militant dans notre monde pudibond. « Tomber des nu(e)s » tend une passerelle vers un monde plus libre, plus inclusif.
Jean Davy, pour clicinfospectacles
05/05/2024