1- J.D. Maurice Renoma, très heureux de vous retrouver sur Clicinfospectacles.fr à l’occasion de votre toute dernière exposition au Souplex et à l’Appart Renoma «Corps POP Esprit DADA : du Dadaïsme au Popisme » jusqu’au 22 mars 2025. Tout d’abord qu’est-ce que pour vous le Dadaïsme ?
MR : C’est la liberté. Celle de casser les codes. D’ailleurs ce mot Dada, ne rime à rien. Il a été pris au hasard dans le dictionnaire par Tristan Tzara et un de ses amis pour illustrer à quel point ce mouvement artistique majeur est libre de toute contrainte, de tout préjugé esthétique. Je me suis toujours senti libre ou en tout cas, j’ai toujours créé sans obéir à aucune règle. Au contraire, je les fuis. C’est comme cela que j’ai construit mon univers artistique, et comme celui de Dada, il est ouvert à tous.
2- JD. Cette exposition est-ce une continuité de celle il y a quelque année consacrée au poisson rouge ?
MR : Oui, Cristobal, mon poisson rouge en plastique, est un personnage central de cette nouvelle exposition, et il m’est en un sens ce qu’est la banane ou la Campbell soup à Andy Warhol ; c’est mon icône pop à moi. Et surtout, le moyen artistique et ludique de dénoncer les ravages de la surconsommation et le déni écologique et climatique, comme je l’avais proposé dans mon exposition « Mythologies du Poisson Rouge ». Cristobal utilise le pouvoir de l’image pour incarner la critique du matérialisme et du consumérisme qui sont frappants dans nos sociétés industrialisées.
3- J.D. Quels seraient les points communs entre vous et le Dadaïsme ?
MR : Comme je l’ai dit tout à l’heure, je suis épris de liberté et mes créations sont le reflet de mon esprit libre. Peu importe qu’on aime ou qu’on n’aime pas, j’ai besoin d’exprimer les choses, avec le tissu, la photo, la peinture et plus généralement la matière, quelle qu’elle soit. J’aime la matière brute. L’art brut. Je n’ai pas étudié les beaux-arts : la création est chez moi instinctive, sans cadre, sans étiquette. L’art est partout autour de nous, il suffit d’ouvrir l’œil, d’être connecté au monde.
4- J.D. Avec « Corps Pop Esprit Dada » ne rendez-vous pas hommage à cette période qui a malheureusement disparu ?
MR : Je ne suis pas quelqu’un de nostalgique : j’ai trop à faire dans l’« à venir » pour me perdre dans le passé et pire, le regret du passé. Et je ne pense pas que les choses disparaissent. Je crois qu’il existe des cycles, que tout revient toujours. Dans le Dadaïsme, collage, patchwork et recyclage existent et existeront toujours. Et cet esprit-là est aussi bon pour l’écologie finalement.
5-J.D. Avec le temps vous êtes devenu l’un des symboles de la Pop Culture, comment la voyez-vous demain ?
MR : Merci ! La Pop culture de demain sera sûrement élargie au souci écologique. Il y aura plus de Cristobal, qui sensibiliseront le public à l’urgence climatique sans exercer une pression anxiogène, mais à travers le divertissement. Il y aura aussi plus de Pop digitale j’imagine. Quand je vois les écoles de mode ou d’arts, avec qui je collabore beaucoup, les jeunes sont vraiment dans les écrans, le métaverse, l’IA …
1- J.D. Yuan Chen bonjour et bienvenue sur Clicinfospectacles.fr, que représente Maurice Renoma pour vous ?
Yuan. Pour moi, Maurice Renoma représente un grand nom.
C’est un homme passionné, curieux de toutes les nouveautés et nouvelles expériences.
Je le trouve très proche d’Andy Warhol, même si leurs styles artistiques sont très différents. Ils sont tous deux devenus des icônes en créant chacun son propre univers esthétique.
C’est un grand plaisir d’avoir cette opportunité de travailler avec lui car c’est un guide important dans ma carrière en France.
2- J.D. Comment s’est passé votre collaboration sur cette exposition ?
Yuan. Au début, Maurice propose une idée, et on en discute. On fait des montages avec des photos, des images ensemble, puis je fais des propositions, et puis on rediscute …
Il a toujours de nouvelles idées ; plusieurs fois par jour, il m’envoie ou me montre ses nouvelles créations. Il partage des travaux intéressants vus à des expositions, pour alimenter ma culture artistique.
Nous sommes de plus en plus en symbiose sur la manière dont les autres comprennent les images et l’art. De plus en plus dans le même monde esthétique, lui et moi.
Maurice me laisse libre dans la réalisation des tableaux, car il respecte mon expérience en tant que peintre.
Pour lui comme pour moi, la matière est très importante. On teste ensemble différentes matières sur la toile …
3- J.D. Loin de copier le style Maurice Renoma, on a l’impression avant tout que vous vous en inspirez dans vos installations pour le prolonger à votre façon. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Yuan. Le monde créatif de Maurice Renoma est comme un entrepôt inépuisable de ressources artistiques, j’y trouve ce que je veux, en termes d’images, d’histoires (et Histoire) aussi.
J’ai voulu mettre en évidence la caractéristique de la mémoire et du dialogue dans l’exposition, afin que Maurice Renoma et Andy Warhol, deux personnes qui ont un lien merveilleux, puissent dialoguer dans le présent.
Propos rapporté par Jean Davy, le 09 décembre 2024,
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