1- J.D. Vous êtes à la fois auteur, metteur en scène et comédien. Tout d’abord, pour nos lecteurs, comment vous décrieriez vous ?
S.T. Il me semble que je suis avant tout un homme de théâtre je crois que tout commence au moment de l’écriture donc plutôt auteur mais je ne saurai pas donner je préférence à ces activités qui sont toutes différentes et complémentaires
2- J.D. Durant tout le festival d’Avignon vous jouez sur la scène du Théâtre des Gémeaux avec « Mille cent jours », quel en est le point de départ ?
S.T. En octobre 2019 je travaille avec Régis Romele sur un autre spectacle nous avons une loge commune et j’aperçois les cicatrices sur son corps je comprends à ce moment-là que l’accident dont il m’avait parlé est bien plus grave que ce qu’il m’avait dit. Après la représentation, nous nous retrouvons au restaurant et il m’explique toute son histoire et je lui dis : « Ecoute je suis auteur si tu veux je t’écris cette histoire sous réserve de trouver un bel angle et que ce ne soit pas juste un témoignage mais un objet théâtral ». On s’est tapé dans la main à ce moment-là.
3- J.D. Que représentent concrètement ces mille cent jours ?
S.T. Hospitalisé, Régis est resté plus de 3 ans et demi en soins. J’ai synthétisé ces allers-retours entre le moment où il est resté à l’hôpital et les allers-retours pour soins, en 1100 jours pour trouver un titre
4- J.D. Tiré de l’histoire vraie de Régis Romele, qui joue également dans la pièce son propre personnage, comment s’est passée son écriture, ainsi que votre collaboration ?
S.T. Comme je l’ai expliqué, j’ai interrogé Régis et ses proches j’ai réfléchi j’ai trouvé un angle et ensuite je lui ai soumis au tout début de la pièce cet angle pour savoir si et cela lui convenait car je ne voulais en aucune façon travestir son histoire. Quand j’ai eu terminé d’écrire nous avons fait des lectures avec l’ensemble de l’équipe et comme le projet a été long à monter(plus de 4 ans tout de même…) au fur et à mesure des lectures j’ai écouté le plateau et les envies des uns et des autres pour amender mon histoire.
5– J.D. A-t-il été pour lui comme pour vous difficile de le mettre ainsi à nu ?
S.T. En aucune façon puisqu’il ne s’agit pas d’un témoignage ou d’une thérapie mais de partir de cette histoire pour la transcender en un acte théâtral : le personnage d’Alexandre n’est pas Régis ; c’est un cousin un frère quelqu’un qui lui ressemble parfois et parfois pas du tout. Régis a dû faire un vrai travail de comédien et ce n’est pas sa vie qu’il raconte le soir mais quelque chose qui ressemble à l’expérience qu’il a vécue, l’idée étant d’aller au maximum vers l’universel.
6- J.D. Qu’est-ce qui a été le plus difficile ? Tout dire ou inversement respecter une certaine intimité ?
S.T. C’est justement pour ne pas être dans l’impudeur que j’ai choisi dès le début de prendre cet angle et de de ne pas raconter son histoire mais plutôt une histoire qui ressemble à la sienne. C’est donc choisir cet angle, ce décalage qui caractérise cette création Mille cent jours.
7- J.D. Vous décrivez une réalité médicale ainsi qu’une réalité institutionnelle qui peuvent être totalement à l’opposé parfois ?
S.T. Je ne suis pas documentariste. Je me suis renseigné sur le fonctionnement de l’hôpital car je voulais aussi parler des soignants et de leurs conditions de travail mais je ne saurais pas répondre correctement à cette question.
8- J.D. Se replonger dans cette histoire en la jouant pour Régis Romele n’a-t-il pas été compliqué ?
S.T. Etonnamment, en fait pas vraiment… si vous lisez mes réponses aux précédentes questions.
9- J.D. Personnellement, qu’est-ce que « Mille cent jours » vous a apporté ?
S.T. Comme chacun des projets que j’ai montés depuis de longues années, je crois que c’est la rencontre avec cette équipe si soudée. Et au fond, c’est l’aventure que nous avons eue ensemble pour monter ce spectacle qui m’a le plus apporté.
10-J.D. A vos côtés, d’une part Laetitia Richard qui incarne Sophie et, d’autre part Agathe Sanchez cette merveilleuse infirmière, sont aux premiers abords différents mais à bien y réfléchir se ressemblent sur de nombreux points ?
S.T. Oups pardon, je ne comprends pas bien cette question…
11-J.D. Vous dites « Le théâtre pour moi c’est l’art de raconter des histoires ». Pensez-vous que toutes les histoires méritent et peuvent être racontées ?
S.T. J’aime écrire et concevoir des histoires. Mille cent jours, c’est la première et unique fois en 40 pièces, que je m’inspire d’un fait réel. J’aime raconter des histoires et inventer des personnages à partir des choses qui me touchent : c’est vraisemblablement ma manière de m’exprimer au monde et je n’ai pas de censure. Je crois que si l’histoire est bonne, si les personnages sont touchants, on peut parler de tout. Je crois même au contraire qu’on doit le faire, ce n’est pas à l’endroit de l’écriture qu’on doit se censurer mais probablement plus tard et ce n’est pas un travail d’auteur mais de producteur. Maintenant beaucoup de choses m’intéressent et je dois faire le tri comme le choix dans les sujets que je décide de traiter car je n’aurai pas le temps d’écrire toutes ces pièces et encore moins de les monter.
En vous remerciant Stéphane Titéca
Propos rapportés par Jean Davy, le 08 aout 2025 pour clicinfospectacles.