1- J.D. Yvon Bertorello, bonjour et bienvenue sur Clicinfospectacles.fr tout d’abord pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Y.B. Je suis auteur et réalisateur de reportages et de films documentaires pour la télévision sur des sujets historiques et religieux mais aussi auteur de bandes dessinées depuis environ 15 ans.

2- J.D. Vous êtes à l’initiative et co auteur avec Eric Stoffel et Serge Scotto des deux tomes de « Justes parmi les nations » aux Editions Plein Vent, quelle en a été le point de départ ?

Y.B. Ce projet consacré aux « Justes parmi les Nations »  à travers une bande dessinée  est quelque chose qui me tenait à cœur depuis longtemps mais le déclencheur a été une rencontre dans les Alpes-Maritimes avec Michele Noero, historienne et personne impliquée dans son village de Peille au devoir de mémoire.

Ensuite une série de rencontres et en particulier avec Daniel Wancier, responsable de Yad Vashem dans le sud-est de la France, m’a décidé et j’ai proposé ce projet à certains de mes collègues intéressés par ces sujets historiques.

3- J.D. Que veut dire cette expression « Justes parmi les nations » ?

Y.B. Cette expression « Justes parmi les Nations » est tirée du Tamuld et l’Etat d’Israel la destine a ceux et celles qui cachèrent et sauvèrent des Juifs au péril de leur vie durant la seconde mondiale.

4- J.D. Comment avez-vous entendu parler de ce « Réseau Marcel » ?

Y.B. Lorsqu’on prépare un projet aussi sérieux que celui sur les Justes parmi les Nations, un long travail de recherche, de documentation et de rencontres est indispensable.

Le réseau Marcel est l’un principal réseau des Alpes-Maritimes avec le réseau Pierre Merli qui permirent de sauver de nombreuses personnes et tout particulièrement les Juifs réfugiés dans cette partie de la France.

5- J.D. Existe-t-il des écrits historiques le racontant et comment vous êtes vous appuyé dessus pour le scénario ?

Y.B. Il y a  de nombreux ouvrages sur ce sujet mais assez peu documents historiques. Cependant à travers le Comité français pour Yad Vashem nous avons été mis en relation avec les descendants des personnes cachées ou avec les descendants des personnes qui sauvèrent et cela nous donné une base de témoignages pour notre récit.

      La liste des « Justes » est une liste officielle que Yad Vashem complète régulièrement suite à une enquête minutieuse comporte une notice explicative pour chacun des Justes et ce fut la base de notre scénario   

6- J.D. A-t-il été actif dès le début de la guerre ?

Y.B. Le fameux « réseau Marcel » a été actif lorsque les allemands ont envahi la zone occupée par les italiens jusqu’en septembre 1943.

7- J.D. De nombreux religieux étaient impliqués dans ce mouvement est-ce courant à l’époque ou bien est-ce une particularité du « Réseau Marcel » ?

Y.B. Comme le dit très justement le célèbre avocat Serge Klarsfeld,l’Eglise Catholique est l’institution qui a le plus contribué a cacher et sauver des Juifs durant la seconde guerre.
Effectivement le clergé (prêtres,évêques et moines) fut très actif sans compter les religieuses dans les couvents et les monastères. Sans oublier qu’il y a eu de nombreux pasteurs protestants ou de simples croyants qui prirent beaucoup de risque pour cacher ces innocents.

Mais il ne faut pas oublier qu’il y eut aussi de nombreuses personnes de toutes convictions ou conditions sociales.

8- J.D. Sait-on combien d’enfants a-t-il contribué à sauver ?

Y.B. Dans ces deux premiers tomes qui concernent seulement les Alpes-Maritimes on compte plus de 500 enfants juifs sauvés grâce au courage de ces « Justes » .

9- J.D. A la lecture des deux tomes, on est frappé par le nombre de fois qu’ils ont du changer de cachettes et des risques pris par les différents membres du réseau ?

Y.B. Pour des raisons évidentes de prudence et au fur et à masure de l’évolution de la situation, les personnes cachés devaient changer de lieu comme cela est expliqué dans l’album.

10- J.D. Si vous deviez retenir que 3 figures emblématiques lesquelles seraient-elles ?

Y.B. Il me semble que l’Évêque de Nice, Monseigneur Raimond est la personne centrale dans toutes ces opérations de sauvetages. Ensuite on peut citer une grande aristocrate de Cannes et le pasteur Evrard.

       Mais il y en aurait beaucoup d’autres…

11- J.D. Selon vous la région de la cote d’azur et son état d’esprit était elle propice à sa création et à son soutien ?

Y.B. Le sud de la France faisait partie de la zone dite « libre «  et ensuite de la zone occupée par les italiens (jusqu’en septembre 1943)  ce cela permit aux Juifs de vivre assez tranquillement et il était plus facile de s’organiser et de prévoir le pire.

12- J.D. En vous remerciant, d’après vous, comment peut-on apprendre du passé ?

Y.B. L’histoire peut se renouveler et nous devons tirer des leçons du passé